UN PEU de souvenirs de la cent quatre vingts sixième des MILLE ET UNE TERRASSE, au cours de la tournée des TROIS LUMIERES. CAYO et MATTHIEU HA venaient de quitter leur CENTRE DE BEAUTE CULTURELLE à bord de la petite voiture rouge de la maman défunte de Cayo pour une très longue route de huit cent vingt-sept kilomètres en destination de BORDEAUX. Ils comptaient chercher la première lueur de lumière - la LUMIERE DES PIERRES, celles du Sud-Ouest de la FRANCE. Ils étaient hébergés dans un ancien hôtel construit vers 1855 par des membres de la confrérie des tailleurs de pierre. La façade était étonnante. Un aigle dominait la porte d’entrée, les ailes grandes ouvertes. Au-dessus du balcon devant la fenêtre du première étage, il y avait un homme assis, sculpté dans la pierre blanche de France. Il regardait en direction des deux visiteurs. Matthieu Ha remarquait d’innombrable codes maçons sur la façade dont la ferronnerie du balconnet qui était marquée de l'équerre et du compas. A l’intérieure de la bâtisse, des bas-reliefs tout le long des montants des marches des escaliers, relatant de l’histoire des pierres de construction. Il y avait aussi une énigmatique échelle accrochée sur un des côtés de la rampe. Remontait-elle le puit vers la lumière ou descendait-elle de là-haut ? MES LEVRES recevaient l’aimable hospitalité d’ANAIS et de leur ami ANTOINE HERRAN, tout récemment venu à UN PEU, au cours de la soirée DIVAGATION (Terrasse 184). L’artiste bordelais avait organisé une grande soirée à quelques ruelles de son domicile, chez les AMIS DU SAHEL, petite association sénégalaise tenue par Monsieur Omar. Ancien journaliste pour la télévision française et désormais retraité, il était l’un des membres très actifs de cette association locale. Pour la deuxième fois, (la première avait eu lieu l’année précédente pendant “la tournée recto versible”) MES LEVRES retrouvaient avec bonheur cet ambassadeur des cultures. Ainsi recevaient-elles son fameux punch de bienvenu, breuvage composé de rhum avec un peu de gingembre et du jus jaune multivitaminé. Il y avait, sur les murs du local, une exposition de l’artiste sénégalais PACO. Il venait juste de terminer l’accrochage et prévoyait le vernissage la semaine suivante. Ses toiles révélaient la lumière des couleurs vives sur un fond bleu d’une nuit profondément noire. Beaucoup de visiteurs étaient venus pour cette nuit musicale avec un brassage intercommunautaire très homogène. La petite salle était pleine, quelques personnes se trouvaient sur la terrasse extérieure, d’autres dans le couloir pour attendre une assiette d’ailes de poulet. Le concert commençait avec quelques problèmes techniques. Le chat d’Antoine Herran avait vomi sur son clavier d’ordinateur - dans son appartement quelques heures auparavant. Le compositeur ne parvenait plus à faire fonctionner correctement les commandes. Finalement Anais lui prêtait son clavier et sauvait in ex extremis le très bon concert du musicien. MES LEVRES entraient ensuite sur scène. Le public était moins à l’écoute et davantage concentré dans leur discussion. Plus la musique montait plus les spectateurs devaient porter leur voix pour se faire entendre. Plus les gens arrivaient à discuter entre eux, moins MES LEVRES s’entendaient jouer. Finalement le duo bruxellois choisissait de ne pas poursuivre jusqu’au terme, et cessaient de jouer. Aussitôt, ils rangeaient leurs instruments dans leur étui et tout le matériel qu’ils avaient emmené depuis Bruxelles : Leurs deux haut-parleurs, le sub basse, les micros, la table de mixage, le petit chat qui salue, les câbles, les pieds micro et leur ordinateur. Certains spectateurs étaient ravis ou bien déçus du comportement de MES LEVRES, quand d’autres terminaient leur discussion en finissant de boire leur dernier verre jusqu'à l'extinction de la lumière de la cent quatre-vingts cinquième des MILLE et UNE TERRASSE.
PHOTOGRAPHIE d’une photographe de l’ombre, Cayo van Breugel
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