UN PEU de souvenirs de la douceur lors de cette trente troisième des MILLE ET UNE TERRASSE. Le Centre de Beauté Culturelle, proche des gens, ne s’est jamais autant rapproché ce soir-là du PROCHE ORIENT avec la venue des artistes électro libanais de Beyrouth : Jad Atoui, Antony Shayoun (NP) introduits par Nadia Daou - ancienne résidente de Bruxelles. Cette artiste musicienne a écumé durant plusieurs années, les scènes alternatives de la ville sous le nom de NÂR. Vivant parallèlement parmi toute une nouvelle génération d’artistes dans un ancien commissariat dans le quartier Shuman (le COMECO). Connue pour jouer du gembri, un instrument principalement utilisé dans les musiques de la transe par les Gnawas au Maroc – à l’époque, elle prolongeait cet instrument par une panoplie d’effets, de boucles rythmiques, mettant son univers dans un electro-rock fauve et sur lequel son chant créait des flottements d’élocutions prononcées en langue arabe. Une approche physique qui lui a donnée la grâce et un visage culte dans l’underground du royaume. Elle a finalement quitté Bruxelles il y a quatre ans pour revenir sur sa terre d’origine au liban en allant s’installer à BEYROUTH. Elle est arrivée au moment de la banqueroute du pays. Elle va perdre son appartement lors de la fameuse explosion mystérieuse survenue dans un dépôt du port de Beyrouth en 2020 et dont le champignon gigantesque explose encore dans les tristes mémoires. Malgré tout, la vie continue, beaucoup d’entraides dont des nouvelles amitiés. La musique ne se sera pas ruinée dans son cœur et nulle part ailleurs. L’envie insatiable de jouer sur tous les fronts l’a poussée à organiser une tournée en Europe en ce mois de Février. Ainsi est-elle de retour cette semaine-ci à Bruxelles dans la chaleur des retrouvailles, de toutes celles et ceux qui sont ses amis et admirateurs - dont ses hôtes : Cayo Scheyven & Matthieu Ha. Les deux compères appellent Vincent Patigny et Alice George à la rescousse afin d’assurer le service de la buvette sportive submergée de commandes. Il y a aussi Mustapha du Chicago, venu pour préparer le thé à la Menthe. Cayo faisait les entrées, alors l’auditorium de la Terrasse sous-terraine n’était pas pleine de monde mais pleine de gens. Matthieu Ha y projetait au-dessus de la scène, un magnifique tigre en animation pour fêter à cette occasion le nouvel an chinois. Le duo NP (qui signifie no problem) avec Jad Atoui et Antony Shayoun ouvraient alors la soirée par un très bon set electro. Une quiétude, une mise en ambiance et des sonorités minérales traversées par le sample d’un violon oriental. Le duo NP, faisaient profiter l’auditoire d’une sensation intime où la quelconque tension ne viendra découdre leur histoire pré orientée avec ce qui les lie à la modernité et la nuit des temps. Une temporalité dont Nâr aura l’espièglerie de créer les décalages horaires en amenant sur scène une vielle horloge à pendule. Elle ira jouer à l’aide de deux baguettes chinoises, sur les tiges métalliques et vibrantes de l’horloge, là, où les heures du temps ne se décrivaient pas seulement à l’aide de deux aiguilles mais s’apercevaient autant par les thèmes de sa boîte à musique. L’horloge était une petite armoire en bois rectangulaire d’à peine 60 cm de longueur avec deux petites vitres grandes ouvertes et par lesquelles une petite lampe de poche électrique passait pour éclairer le visage de l’artiste tel une icône intemporelle. Le son de son horloge repassait par des boîtes d’effets et une petite table de mixage. Ainsi le public se retrouvait dans le recueillement d’un laboratoire audio dont les câbles si nombreux se reproduisaient en ombre derrière la silhouette de la musicienne tantôt debout, tantôt accroupie. Toute l’attention silencieuse du public était palpable et sensible à cette très belle performance. Sans gembri Nâr aura échangé ses orgasmes et ses transes du passé contre un instant organique suspendu(le) et envoûtant.
Photographies de Cayo Scheyven














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