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Mille et une Terrasse N° 178 CHICAGO CONFIDENTIEL (L'APRÈS-MIDI) & LE BRUIT DE BRUXELLES (LE SOIR)

UN PEU de souvenirs touristiques au cours du deuxième jour d’UN PEU FESTIVAL DE LA FIN DU MOIS mars, lors de la cent septante huitième des MILLE et UNE TERRASSE. Au lendemain du banquet tragique de l’Abondance des Mythos, l’équipe de T(r)uelle revenait en fin de matinée dans le Centre de beauté culturelle quelque peu fatiguée. Matthieu Ha leur ouvrait la porte en pyjama. Cayo venait de prendre sa douche froide et se reposait dans la caravane. Après un petit déjeuner rapide, elle recevait GASPARD LEVENTRE en début d’après-midi  pour la préparation de son concert solo. Natif de Paris, il résidait depuis quelques années dans la commune de Saint Josse à Bruxelles. Il n’avait jamais entendu parler du Centre de beauté culturelle UN PEU. L’artiste avait imaginé tout un répertoire de chansons personnelles de variété qu’il présentera sous la forme d’un KARAOKE. Pendant qu’il effectuait ses essais son avec la Dutchess dans la Terrasse sous terraine - redevenue un auditorium HD, Alex Guillaume, Adriano Lanzarini, Clément Delhomme et Manon Laigle avaient donné rendez-vous à une petite dizaine de touristes et quelques voisins pour une visite guidée du quartier Chicago, en vue de rencontrer CONFIDENTIELLEMNT quelques artistes gravitant autour du Boulevard d’Ypres. Déjà Par le passé,  avait vécu Jacques Brel dans un petit appartement situé au carrefour avec le Boulevard de Dixmudes mais aussi, d’après les dire de certains habitants -  Nicola Sirkis - le chanteur du  groupe Indochine, dans l’un des appartements situé juste en face du Centre de beauté culturelle.  Matthieu Ha rappelait également en introduction, la principale activité d’import-export de produits alimentaires du quartier. Selon un psychanalyste urbain de l’ANPU (Laurent Petit)- récemment passé à UN PEU pour une analyse du quartier Maritime à Molenbeek,  ce dernier avait comparé le Canal de WILLEBROEKE  comme l’intestin grêle de la cité. Quant à UN PEU il considérait qu’il était à l’endroit de l’import-export des “choses régurgitables”, où s’était caractérisé le CUL ou encore, le  point CUL..turelle UN PEU. Ensuite Alex Guillaume ouvrait la marche en traversant le bassin vide de la rue du rivage et passage du tramway 51. Il commençait à prendre les cendres d’une moto calcinée, à la manière d’un éclaireur indien, il s’orientait fébrilement Quai au foin à l’entrée duquel se trouvait le petit terrain de mini foot. D’après les explications du guide Alex Guillaume, il s'agirait du Grand stade du Chicago. Ensuite le petit groupe arrivait devant la fameuse sculpture de l’artiste flamand  WIM DELVOYE (CONCRETE TRUCK).Adriano Lanzarini s’employait à citer celui qui avait marqué les esprits à la fin des années nonante, autant avec  sa MACHINE à CACA qu’ avec sa célèbre série polémique dans laquelle l’artiste avait développé des tatouages sur des cochons. Les touristes écoutaient ensuite une déclamation de Manon Laigle au milieu d’un deuxième bassin vide. Il y avait quelques flaques d’eau de pluie fine sur une desquelles Matthieu Ha se tenait pour accompagner la poète et y faire flotter un air suspendu avec son piano à bretelles. Ensuite, arrivés au niveau du théâtre royal flamand  (le KVS), les guides semblaient une nouvelle fois perdus dans leur parcours, cherchant le moindre indice sur un mur ou un panneau de circulation. Finalement ils décidaient de faire un détour par la rue de LAEKEN. Ils marchaient sur le trottoir opposé à celui du musé belge de la FRANC MACONNERIE situé au numéro 73. Ils poursuivaient par la rue calme et reposante du Grand Hospice, traversant la très ancienne  rue des marronniers derrière l’église baroque du BEGUINAGE. En bas de l’édifice, Matthieu Ha chantait dans l’édicule à l’endroit même de l’urinoir. Comme pour patienter, Alex Guillaume lisait un texte poétique aux visiteurs avant d’orienter le groupe vers la petite rue excentrée du Béguinage où se trouvait “le petit musé” de l’artiste excentrique PAUL GONZE. Ce dernier avait élu domicile, en face d’un ancien hôtel particulier  où avait séjourné Charles Baudelaire et durant lequel l'écrivain rédigera une de ses plus vives critiques vis à vis du peuple belge dans le fameux manuscrit intitulé :”PAUVRES BELGES”. L'auteur déclarera :"Dois-je remercier Dieu de m'avoir fait français et non belge?" Passé ce délicat hommage, Paul Gonze ou l’ANartiste Papowète faisait découvrir à l’entrée de sa demeure un décrottoir qu’il avait enjolivé en le transformant en bête immonde, ouvrant sa gueule pour lécher les semelles des passants. L’artiste racontait brièvement son parcours au travers de quelques affiches  de ses performances du passé. Il avait eu l’occasion de se rendre au Japon pour créer des attentats artistiques par lesquels il avait fait exploser des bombes chargées de milliers de papillons (Butterfly project). Il était l’auteur de poésie urbaine “JETTE sur Plage” dans les années quatre-vingt. Il était aussi amateur d’oeuvres libertines jusqu’à des oeuvres provocatrices à Charleroi “le Bal de Charlerose”(en référence à la sordide affaire des Ballets roses - 1996). Il terminait la visite de son petit musé en emmenant le groupe de curieux vers une vue imprenable de l’église du Béguinage qui surplombait les toitures voisines du quartier. C’était très beau. La visite guidée n’était pas terminée pour autant, les guides mythomanes rejoignaient le Quai du Commerce pour se rendre chez le voisin François Brice et dont la demeure avait été rendue célèbre par la  cinéaste belge CHANTAL AKERMAN et son film manifeste :“Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles”. François Brice était un personnage singulier du quartier. Voilà depuis un peu plus de trente années que cet artiste comédien vivait dans cet appartement. Il avait été un grand ami du chanteur ARNO et récemment le chauffeur de Jacques Dutronc. Au lieu d’ouvrir la porte de son appartement, il ouvrait celle de sa boîte aux lettres dans laquelle arrivaient des correspondances destinées à l’ancien locataire de sa copropriété. Au sortir de cet appartement anecdotique le groupe traversait le long par terre longé d’arbres hauts et au bout duquel commençait la Place d’Yser et le chantier du futur musé POMPIDOU - KANAAL. La randonnée passait devant la galerie Christophe Gaillard où était suspendu un édredon étendard. Après avoir traversé les commerces et grossistes du Boulevard de Dixmudes et du Boulevard d’Ypres, Matthieu Ha appelait son voisin d’en face, l’artiste VALENTIN Souquet. C’était l’ultime visite. Designer génial, son principal matériaux de prédilection était le bois. Il travaillait  une technique astreignante de ponçage. Cela lui permettait d’approcher diverses dimensions complémentaires à son travail de base. En l’occurrence après une longue phase de labeur avec son outil électrique, celui-ci procédait ensuite à une période d’observation. En effet, le sol, recouvert d’une fine pellicule de poussière de bois, s’apparentait à un désert en apparence mais devenait le lendemain un véritable révélateur photographique d’empreintes d’araignées. Leurs pas avaient dessiné durant la nuit tout un parcours sinueux au service d’une vision naturelle et poétiquement scientifique de l’artiste. Quant à ses sculptures, elles étaient la marque organique sur lesquelles l’empreinte profonde des ses mains était sculptée en concave par sa ponceuse. Au moment où il recevait la visite guidée, il présentait un début d’ouvrage, une main courante organique, prévue pour l’espace de co-working - Frédéric de Goldschmidt - au 7 quai du commerce. De retour à UN PEU, Cayo avait accueilli les SOEURS SARAZIN. Elles avaient pris place sur la terrasse extérieure de façon à préparer des crêpes au Sarazin. Après  les avoir dégustées, le public descendait dans la Terrasse sous terraine encore marquée par l’ odeur froide de la cuisine de la veille. Ils allaient assister à trois concerts de nature très différente. Tout d’abord avec Roxane Metayer. La violoniste présentait une performance solo intimiste. Ses propositions étaient fortes en originalité. Des pédales d’effets était utilisées par parcimonie. D’ailleurs elle n’en avait pas eu l’emploi lors du morceau d’ouverture, gardant son instrument dans l’effet original des sanglots de ses cordes. Au deuxième morceau elle commençait à emprunter le chemin de ses effets juste pour augmenter la réverbérance. Au morceau suivant, elle faisait descendre d’une octave son violon soprane pour devenir un alto. Ensuite elle commençait à employer une autre pédale pour créer des boucles avec un petit balafon. La cadence faisait penser à une rengaine orientale. Pour terminer, elle avait conçu un filtre irréelle à sa voix que son violon venait accompagner délicatement. Après l’entracte, le public redescendait plus nombreux et debout devant Gaspard Leventre. Une fois la présentation de Clément Delhomme achevée, le chanteur, dans son costume de lumière, entamait son concert avec une certaine intensité débordante d’énergie. Derrière lui, avait été installé un petit écran de cinéma, permettant au public de reprendre les paroles de ses chansons à la manière d’un Karaoké. Au fur et à mesure qu’avançait son concert, plus le show prenait de l'amplitude, transcendant de folles danses. En transpiration, l’homme était de très grande taille et sa tête était à plusieurs reprises proche de se cogner violemment contre une des poutres en béton de l’auditorium HD. Fort heureusement aucun accident n’était survenu. La soirée pouvait alors se poursuivre avec insouciance en compagnie de Paul Loiseau. Contrairement à Gaspard Leventre, l’artiste était de petite taille. Il se tenait le plus souvent à la même place sous le pétale d’ombre UN PEU. Artiste pince sans rire, sa voix  parisienne  arpentait solitairement le macadam durci de sa musique électro. Croisant régulièrement l’absurde du regard et la pensée sombre et tendre à la fois de Son corps. Un corps disponible aux cigarettes cousues et promis à une tombe imaginaire à laquelle un épitaphe serein se sérigraphiait en juste corps : ”il faut mourir un jour”. Fort heureusement ce ne sera point au cours de cette nuit où se fêtait jusqu’au petit jour, la cent septante huitième des MILLE et UNE TERRASSE.

photographies touristiques et confidentielles de Cayo van Breugel, Philippe Keunen et Adriano Lanzarini





















































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