UN PEU de souvenirs de la deuxième journée d’UN PEU FESTIVAL DE LA FIN DU MOIS juin, en compagnie d’ERIC BRIBOSIA, SARA TAN, NICOLAS JULES et BAAN lors de la cent nonante sixième des MILLE ET UNE TERRASSE. Pour la première fois, le centre de beauté culturelle offrait une prestation de danse contemporaine. La danseuse chorégraphe bruxellasienne SARA TAN, originaire de Singapour était venue proposer une création originale - SYLVAN - en compagnie du musicien compositeur et claviériste ERIC BRIBOSIA (Terrasse N° 3 - N° 112 - N°194). La danse contemporaine, discipline arrivée au cours du XX ième siècle, après-guerre, était une expression, qui avait permis de sublimer les désastres de l’humanité dans le cas de certaines nations, en particulier l’Allemagne initiée par Pina Bausch et le Japon à travers le Buto. Après les enchantements technologiques du début du XXI ième siècle - le monde se trouvait au chœur d’une confrontation opposant - METAPHYSIQUE et META MATERIALISME - Sara Tan proposait un enracinement ancestral, implorant SYLVAN – Dieu de la forêt dans la mythologie romaine. La chorégraphe constituait des mouvements entre - grâce de l’immobile, déplacements tenus et mouvements furtifs, à l’issue desquelles la danse devenait réconciliatrice avec l’espace du dedans et du dehors. Ainsi les spectateurs, assis sur la terrasse extérieure, étaient invités à entrer dans la danse de l’artiste, sur le plateau de la terrasse intérieure et achever ensemble, l'œuvre du dieu Sylvanus dit SYLVAN. En deuxième partie de ce festival de la fin du mois de Juin, les spectateurs et les spectatrices se rendaient ensuite dans la terrasse sous terraine. NICOLAS JULES était dans un puits de lumière avec sa guitare électrique. Il s’adressait au public avec adresse, plaisantait avec un doux plaisir, et mesurait adroitement le sens de ses mots. Même s’il jouait seul, l’auditoire ne s’était jamais senti autant abondé que par sa solitude joyeuse. Professionnel décontracté de la chanson française, rien ne semblait lui faire peur, ni l’incident, ni l’accident et ni le charme de la poésie (prix Charles Cros). Il aurait pu recevoir un prix spécial d’auto-accompagnement à la guitare en lui remettant une médaille d’or sur chacun de ses doigts. Nicolas Jules remportait son concert avec ce petit air de tennisman français sur le court central de Roland Garros : “jeu, set et match” en moins d'une heure de jeu. La pluie commençait alors à tomber et ce n’était pas de sa faute. En réalité, le ciel pleurait encore une dernière fois la disparition de MATT WATTS (Terrasse N°176 - N° 172 - N° 160 - N° 9 – Antennes Branches épisode 5) parti éternellement depuis une semaine. Cayo, Matthieu Ha ainsi que Pacal Paulus et Jean Philippe de Gheest - du duo BAAN - étaient allés ensemble, tôt dans l’après-midi, rejoindre les amis d’Anvers de manière à rendre un dernier hommage à cet inoubliable artiste. Cayo avait chanté DRAMA QUEEN, chanson qui venait d'être enregistrée avec lui à la guitare et figurera dans une futur compilation (BODY MIXTAPE). Ensuite, Matthieu Ha interprétait un morceau qu'affectionnait le musicien défunt : L'ARBRHORLOGERIE. Ils restaient quelques heures se recueillant devant le diaporama dont le montage avait été soigneusement monté par STEF KAMIL CARLENS. Les quatre bruxellois étaient finalement de retour en début de soirée. Matthieu Ha avait reçu un autocollant sur lequel le visage de MATT WATTS avait été imprimé. Plutôt que de placer l' icône sur le mur des défunts - en dessous de l’étagère du monte-charge bleu, il préférait le coller sur le châssis de la fenêtre de la buvette sportive, là où le plus bruxellois des américains avait l’habitude de rendre ses services avec humilité. Il aimait beaucoup venir à UN PEU. L'artiste y avait résidé récemment, durant trois semaines. Il aimait se reposer dans la cabine de sommeil, quittait rarement ses bottes et sa veste en cuir noires, ne se lavait que très rarement et ne sentait pas du tout mauvais, même après un concert. Son anglais parlé ne sonnait pas à l' américaine mais plutôt à l' anversoise. Il était entouré par la grande famille d'Anvers, au milieu de Stef Camile Carlens, Rudy Trouvé, Kapinga Gysel, Nicolas Rombouts ou encore Teuk Henri, Jef Mercelis, Kris Dane pour ne citer qu'eux. C'était un ange du rock, auteur compositeur de plusieurs albums et qui avait su marquer les esprits aussi profondément à Bruxelles qu' à Anvers et à Gent. Insaisissable et très attachant, MATT WATTS s'était établi en Belgique à l'âge de ses 19 ans. Originaire du Montana, son père était un pasteur et sa maman était une cherokee, ils perdaient leur fils, alors que celui ci n’avait que 36 ans. Ce soir la musique de BAAN était idéale pour se recueillir une dernière fois. Pascal Paulus et Jean-Philippe de Gheest, dans une sobriété sophistiquée, faisait évoluer leur musique spatiale quand la lumière de l'auditorium HD était profondément bleue. Imagination d’atomes sonores sensibles, légères pulsations de la batterie retenues entre elles, sonorités du clavier gonflées comme une membrane emplie d’oxygène et de spiritualité électronique. Dehors, le vent soufflait sur le drapeau d’or - étendu sous les larmes de pluie. Cayo photographiait l’esprit du défunt génie, comme si l'esprit de Matt Watts avait décidé d’aller se coucher dans les froissements de la feuille d’or jusqu’à ce que la pluie s’enroulât avec lui – ce - dans la beauté de la cent nonante sixième des MILLE et UNE TERRASSE.
Récit photographique de Cayo van Breugel
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