UN PEU de souvenirs finaux lors du Festival de la fin de l’année avec PUNK KONG – PIERRE MICHEL ZALESKI & ANTOINE HERRAN - SIGRID KEUNEN, au cours de la deux-cents-trente et unième des MILLE ET UNE TERRASSE.
La programmation de ce mois de décembre était très variée et multiple. Tout d’abord avec l’artiste SIGRID KEUNEN (terrasse 206). Cousine de Philip Keunen - en service à la buvette sportive. La bruxello limbourgeoise avait préparé sa performance minutieusement. Violoniste pour les grands orchestres, ce soir elle jouait en solo, toute de jaune vêtu. Portait un casque de chantier de couleur jaune, un pantalon jaune, une chemisette jaune. La musicienne était couchée sur le dos sur un drapée jaune et tenait dans ses mains son violon alto très réputé – “le Maggini”. Pour la première fois, SIGRID KEUNEN présentait sa création. Exigeante, la compositrice semblait un peu soucieuse avant sa prestation. Au moment de la présenter à l’assistance dans la terrasse intérieure, Matthieu Ha trouvait dans ses mots de quoi rassurer l’artiste : “ ...faire une erreur dans le centre de beauté culturelle se fera toujours en beauté”. Après une déclamation courte, citée en anglais, la violoniste se redressait dans une souplesse irréelle en un mouvement de bassin, tout en jouant de son instrument. Avant le début du concert, Sigrid Keunen avait chaussé une paire de chaussures de ski, dissimulées dans le drapée jaune et sous lequel une structure lourde servait de contre poids. Sans risque de tomber la violoniste pouvait ainsi aisément accompagner son jeu musical à partir d’un point solidement fixé au sol. La sonorité du violon alto et du chant de l’artiste entraînaient alors son corps comme la douceur du vent pouvait souffler gracieusement sur les roseaux. Enfin, bien que Sigrid Keunen jouât en solo, subconsciemment ou pas, la musicienne faisait émerger sur son drapé jaune un être hybride : la cigale symbolisée par le violon alto et la fourmi représentée par le casque de chantier. Aucune faute de pas ou de goût n’était à déplorer. Sigrid Keunen recevait une belle ovation du public à l’issue de sa performance. Cayo prenait ensuite trois photographies de l’artiste. Après l’entracte, venait le deuxième concert de la soirée dans la terrasse souterraine - en compagnie de Pierre Michel Zaleski & Antoine Herran. Chanteur, Pierre Zaleski était connu dans les cercles intimes de la musique improvisée bruxelloise. Durant la période où Antoine Herran (terrasse N°186) vivait encore à Bruxelles, Pierre Zaleski avait eu l’occasion de jouer avec le compositeur bordelais au cours de journées d’improvisations. A l’époque de la dictature sanitaire, clandestinement, les deux musiciens s’étaient donnés rendez-vous à huis clos pour des cessions expérimentales d’enregistrements. Antoine Herran allait confirmer une nouvelle fois son génie dans le domaine de la production musicale. Cinq années après la maturité sexuelle des plantes avec MES LEVRES, le “bordellois” allait donner vie à un album ahurissant : “Paysage réservé”. A soixante ans passé, l'artiste Pierre Michel Zaleski vivait sa première expérience de ravissement et de satisfaction totale de son chant au cours d’un enregistrement. La voix du chanteur était un métissage entre une voix de baryton et le râle des voix mongoles. Dans cet album gravé sur un vinyle, Antoine Herran avait trouvé une formule magique par laquelle les sonorités abstraites du chanteur allaient se mixer à merveille avec l’imaginaire débridé de ses arrangements musicaux, faits de cordes de guitare, de piano, d'esquives sensuelles sombres et de quelques chorus vocaux intimistes. Il y avait comme une sensibilité esthétique brute, des impressions inédites d’écoute d’une rare volupté et, par là même plongeaient l’auditeur dans les lointaines plaines de l’ouïe. A présent le défi des deux musiciens était de reproduire cette expérience phonographique en une performance public. Bien que leur concert ne fût conforme à la copie originale, voir in reproduisible à ceci près que la précaution d’Antoine Herran de "présenter” les intitulés avant chaque morceau, permettait de baliser efficacement et avec méthode les abstractions musicales. La jouissance de l’auditoire était palpable, au point que le duo dû jouer un morceau supplémentaire en rappel. La soirée n’était pas finie pour autant. Il restait encore le bouquet final qui sera donné par les PUNK KONG (terrasse N°25). Venus avec leur troisième opus : un double album vinyles rangés dans deux pochettes séparées et différentes - d’où le titre évocateur : “SAME BUT DIFFERENT”. Toujours avec Giotis Damianidis à la guitare électrique et composition, Grégoire Tirtiaux à l’alto et au saxophone baryton, Viktor Perdieus au tenor & saxophone baryton, Ruben Verbruggen à l’alto & saxophone baryton et enfin João Lobo à la batterie. Cet ensemble de barytons cuivrés allait - de mains de maîtres - faire vibrer un souffle en communion, traversant une forêt vierge d’un jazz rock créatif à travers laquelle – seul - le vent de leur instrumentation était en mesure de pénétrer les ténèbres autant que d'y trouver le secret du vacarme harmonieux. Finalement les PUNK KONG arriveront en beauté à la toute fin de leur prestation et de la première série du FESTIVAL DE LA FIN DE L’ANNEE - ce – au cours de la deux-cent-trente et unième des MILLE ET UNE TERRASSE.
Photographies de la fin de l’année par Cayo van Breugel
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