UN PEU de souvenirs d’une saga entamée au cours de la quatre-vingt
deuxième et quatre-vingt-troisième des MILLE et UNE TERRASSE. Un
feuilleton musical et poétique, dont chaque épisode est indiqué par
une lettre. Ces caractères écrits en capitale, vont faire
apparaître, le titre d’un album collaboratif : S-A-G-E-R-A-G-E. Une
oeuvre familiale entre deux frères artistes UN PEU atypiques. Le
premier, l’ainé - Gilles Bourgain. Il est ingénieur industriel dans
la vie courante et par ailleurs flûtiste jazz; père de famille et
résident de la commune d’Anderlecht. Il a comme nom d’artiste :
TOUT FINIRA BIEN. Le second, son frère cadet - Jean-Yves Bourgain,
mène une vie d’enseignant et devient slameur à un autre moment de la
journée. Son nom d’artiste: PASSEUR de SILENCES. Ce dernier Réside à
Saint Denis dans le redoutable arrondissement du fameux « neuf
trois » ou le quatre-vingt-treizième arrondissement de Paris. Trois
cents kilomètres séparent les deux quartiers sensibles du 93 et du
Chicago. La veille du départ, Gilles Bourgain appelle Cayo en
détresse pour lui informer que la France est à ce moment-là, en
pénurie d’essence. Les files d’attente devant les stations-service
sèment déjà le doute durant le prologue de cette saga. Jean-Yves
Bourgain alias Passeur de silences doit se rendre à Bruxelles en
voiture en compagnie du grand vibraphoniste Stéphan Caracci, tout
juste revenu d’un concert à New York et dont l’instrument nécessite
un transport pratique. Pendant ce temps, le reste des autres
musiciens: le saxophoniste Jordi Grognard, Yan lecollaire
(clarinette basse) et le contrebassiste Nicola Lancerotti sont à
Bruxelles entrain de déguster le thé de la paix du quartier préparé
par Yacine. Finalement, on ne sait par quel miracle, les deux
parisiens arrivent à Bruxelles en voiture diésel ; franchissent le
Boulevard d’Ypres et garent leur véhicule en temps et en heure sur
le parking du Centre de beauté culturelle. Matthieu Ha leurs a
préparés LA SOUPE DU DETECTIVE, une soupe aux poireaux dont
l’auteur fait référence au grand détective bruxellois : Hercule
Poirot. Le premier concert rassemble un petit public de quatre
personnes installés confortablement dans l’auditorium HD de la
Terrasse sous terraine. La première lettre (-S-) correspond à un
dessin de l’illustratrice Eglantine Tri. Elle y représente un bateau
trouvant une voie navigable à travers une oreille. C’est par cette
petite ouverture que la musique composée par le vibraphoniste
Stéphan Caracci va prendre le large et accompagner l’écoute sur les
slams de Passeur de Silences. Le lendemain, le groupe aborde le
deuxième concert avec la lettre –A- . Là, « Tout Finira Bien » et
« Passeurs de silence » reprennent le bateau dessiné par Eglantine
Tri. Celui-ci remonte une rivière à contre-courant vers un très haut
sommet. Les musiciens ont la tête dans « les nuages éternelles »
d’une très grande montagne et pendant que les souffleurs et la
contrebasse produisent des arrangements bouleversants sur l’air de
« God Save the Queen ». LE groove de TOUT FINIRA BIEN et l’humeur
toujours aussi positive et ingénue du frère cadet aident l’ensemble
à surmonter l’infranchissable. Ils arrivent la tête haute, applaudis
par un public venu beaucoup plus nombreux pour cette deuxième date.
Il y a UN PEU d’estoniens, un peu de gremlins venant du Chicago, et
un peu d’autres, venus à l’improviste. A la fin du concert, Passeurs
de silence a été présenté devant RACHID du Chicago par Matthieu Ha.
Ce dernier insiste devant son voisin, pour inviter lors de la
troisième et quatrième lettre (-G-E-), deux des plus importants
slameurs du quartier Chicago : SCOFIELD et FANTOMAS. Le message est
parti comme une bouteille jetée à la mer. Il faudra un miracle pour
que celle-ci parvienne jusqu’à eux, UN PEU comme celui dont les
deux musiciens du « neuf-trois » ont pu bénéficier pour arriver
jusque dans le Centre de beauté culturelle en plein Chicago. En
attendant, le peintre Ignacio Galilea vient de vendre un magnifique
tableau, et conjure le mauvais sort par des esquisses sur du papier
de cardiographie. Il propose ainsi aux visiteurs, d’inscrire sur
cette feuille chirurgicale, la seule chose dont ils aimeraient se
débarrasser. Ce ne sera certainement pas de la quatre vingt-deuxième
et ni de la quatre-vingt-troisième des MILLE et UNE TERRASSE. Un peu
avant la fermeture, Matthieu Ha reçoit l’appel d’un petit oiseau
téléphonique portant la voix de Mustapha et d’Ali, deux gremlins
faisant parti du cercle très fermé du thé de la paix du quartier.
Voilà plus de trois mois que les deux amis se sont perdus dans le
labyrinthe de Bruxelles parallèles. Seules leurs voix ont trouvé
pour le moment un passage libre. C’est de cette façon qu’ils
souhaitent à Cayo, Vincent Patigny et Monsieur Ha : une bonne nuit.
Photographies de Cayo Scheyven
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