UN PEU de souvenirs de la beauté d’une douce tristesse au cours de la cinquante quatrième des MILLE ET UNE TERRASSE. Alors que la caravane, les tables, la chaise haute ainsi que le drapeau d’or venaient d’être installés et que le thé de la paix du quartier était en train d’être dégusté, Yacine - le chauffeur du Chicago et voisin d’en face– venait demander à « Monsieur Ha » la permission de réparer sa moto sur la terrasse extérieure. Aussi, demandait-il au centre de beauté culturelle d’emprunter une rallonge électrique de manière à alimenter sa perceuse. Pendant cette opération délicate, les premières personnes venues pour assister au concert de DAVID VOTRE CHAZAM commençaient à arriver, Ils se dirigeaient vers la buvette sportive pour se prendre un verre. Certains profitaient de casser leur billet de 20 euros et parfois plus – de façon à recevoir en retour de la petite monnaie en pièces et pour en faire usage au moment de payer leur place de concert à la Maitresse de la maison : Cayo. Avant de pénétrer dans la terrasse sous-terraine en bas de l’escalier, le spectateur se trouvait face à une bibliothèque. Celle-ci coulissait enfin, pour laisser le passage au visiteur. Celui-ci découvrait l’espace meublé d’un grand sofa rouge, de fauteuils et de chaises - tous tournés vers la petite scène - à la manière d’un mini amphithéâtre de poche. En fond de scène une immense photographie imprimée sur une toile tendue allant du plafond jusqu’au sol. La photographie datait du début du 20ième siècle et avait été réactualisée en grand format par David Votre Chazam. L’image faisait apparaître deux femmes se promenant sur un chemin boisé et dont on voyait le feuillage des arbres s’éclater dans un coin du ciel. David VOTRE CHAZAM était en train de discuter avec une personne de l’audience. Il y avait derrière lui le piano angélique qui lui servait de présentoir de façon à exposer une bonne partie de sa discographie réalisée à Bruxelles. Plus de dix albums dont le dernier qui sortira la semaine prochaine. Parmi les disques qui se trouvent dans le magasin du Centre de beauté culturelle - et à bien y écouter- les productions de DAVID VOTRE CHAZAM sont de loin, celles les mieux réalisées. L’artiste en est le producteur. En concert ce dernier aura le même souci du rendu de sa musique : l’accompagnement sorti de son ordinateur, de l’écho sur sa voix reliée par le micro et enfin de la réverbération de son synthétiseur. Lorsque Matthieu Ha descend la lumière de la lampe carrée au-dessus du pétale d’ombre UN PEU, il s’aperçoit de l’auto-éclairage intégré dans le synthétiseur, illuminant le visage de l’artiste. Un climat de douceur s’imprime dans la tristesse de ses chansons chantées en français, en anglais et en espagnole. Le concert donnait l’impression de faire tourner l’auditorium HD comme un manège flottant. Le son d’orgue de ses synthétiseurs disco était un cousin germain de l’orgue de barbarie et dont la manivelle se tournait au ralenti comme pour inventer les premiers slows du dix-neuvième siècle. Le Musicien terminait son concert pour aller déguster une salade de thon UN PEU préparée. Les gens étaient attablés sur la terrasse extérieure, quand un homme avec un casque à moto arrivait dans la terrasse intérieure. Il venait d’arriver en retard pour le concert, ainsi que deux jeunes femmes. Alors David « LEUR » CHAZAM rejouait son concert pour ces trois personnes - dans l’auditorium HD de la terrasse sous-terraine. Ainsi passait le temps de la saveur salvatrice de la cinquante quatrième des MILLE ET UNE TERRASSE.
PHOTOGRAPHIES DE CAYO SCHEYVEN
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