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Writer's pictureMatthieu Ha

Mille et une Terrasse N° 69 Brocante Dixmude

UN PEU de souvenirs de la soixante neuvième des MILLE ET UNE

TERRASSE, jour de la brocante du boulevard de DIXMUDE, un boulevard

perpendiculaire à celui du boulevard d’Ypres. Une fête de quartier

qui a plus de quinze ans. Cette année les organisateurs ont proposé

aux habitants du boulevard d’Ypres leur participation faisant évoluer le périmètre festif en forme de T. C’était une grande première pour le quartier. Ainsi le centre de beauté culturelle avait proposé d’offrir le thé de la paix du quartier. Yassine, absent lors de la dernière édition de mille et une terrasse, est finalement venu pour préparer le breuvage ancestrale. Vincent Patigny, posté devant la porte n°5, avait fait un étalage de tous les disques, K7 et livres d’art. A onze heure du matin, Matthieu Ha faisait des sorties sous l’allée bordée d’arbres du Boulevard de Dixmude, avec sa chaise haute pour donner ses minutes « instantées » et musicales – surplombant les brocanteurs, (l’Arbrhorlogerie). Plus loin, au carrefour -entre le boulevard d’ypres et le boulevard de Dixmude, et entre midi et treize heures, le chanteur belgo congolais NYATI MAYI est venu chanter apportant toute sa ribambelle de percussions. En contre point Alice Georges, la Dutchess Cayo et Matthieu Ha partaient pour jouer, en chantant en déambulatoire. Leur performance avait un principe original. Munis d’un haut-parleur sans fil et équipé d’un système permettant de créer des boucles d’accompagnements, les trois chanteurs enregistraient chacun leur tour, une phrase vocale qui se superposait aux autres - tel un cadavre exquis audio et qui était en mesure d’y ajouter une participation extérieure. Une fois l’accompagnement polyphonique fixé, les trois artistes partaient en se faufilant entre les brocanteurs et les visiteurs de plus en plus nombreux. Le temps était ensoleillé et toujours chaud. Après avoir traversée la première portion du boulevard de Dixmude, le trio repartaient pour entamer le deuxième tronçon. Au fur et à mesure de leur marche, les trois musiciens commençaient à sentir une transe les gagner. Soudain Matthieu Ha reconnaissait au loin une grande Dame africaine vêtue d’un magnifique pagne violet. Elle tenait une place de la brocante avec des amis bruxellois. Cette dernière apercevait aussitôt le chanteur sous sa casquette de garde champêtre. Ils s’avançaient alors l’un vers l’autre. Matthieu Ha continuait à chanter en lui adressant toute sa voix. La vieille dame commençait à pleurer et lui déposait toute ses larmes. Elle venait de reconnaître le chanteur et frère jumeau de son fils - l’artiste peintre Djim Sokhna, décédé en 2012. Les deux personnes ne s’étaient plus vues depuis une décennie. Alors Matthieu Ha déposait son accordéon et la prenait dans ses bras, au milieu de ceux de sa deuxième mère- sa MAMAN de DAKAR. A ce moment le vent s’est soulevé, c’était l’esprit de Djim qui venait les rejoindre pour ces retrouvailles inattendues et magiques. Matthieu ha prenait ensuite le micro pour le tourner vers Alice Georges Perez. A genoux avec sa guitare, elle déposait en toute humilité, une chanson d’amour et de douceur au pied de la grande FATOUMATA GUEYE. De retour au centre de beauté culturelle, Cayo prenait ensuite sa guitare pour un mini- concert de son répertoire anglophone donné assise sur la terrasse extérieure. La douceur de sa voix de velours était traversée par l’ambiance de cette fête de quartier. La Dutchesse était remarquable de tranquillité, dans une très belle ambiance d’après-midi, aux alentours des quinze heures. Les employés de la casa menthe - le magasin d’en face, avait préparé 300 Kg de saucisses. Le quartier Chicago leur avait fournie des tonnelles et l’équipement pour la grande grillade et dont l’odeur planait comme la musique de Cayo. Sa musique se mixait avec L’écho de la bonhomie de la terrasse voisine du snack le « C cube » ou en regardant encore la beauté du ciel bleu... Puis cinq hommes d’origine marocaine, vêtus comme des princes du Maroc, s’étaient installés, assis sous l’arbre. Ils buvaient du thé en écoutant la Dutchess. Ils étaient tous habillés d’un très bel ensemble noir, et chaussés avec des babouches jaunes citron. Ils écoutaient tranquillement, dans le calme la totalité de ses chansons « come with me » ou encore « i won t cry if you die ». Au terme du très beau récital de la chanteuse hollandaise, les cinq mystérieux individus enfilaient chacun, une djellaba magnifique ornementée de soie verte et jaune. C’étaient en réalité, les fabuleux GNAWA DE BRUXELLES - ceux-là même qui étaient venus inaugurer quatre années plus tôt le Centre de Beauté Culturelle. Conduits par le Malem RIDA Stitou, les gnawa ont démarré très vite. Ils étaient comme pressés  de passer au-dessus des étapes préliminaires. Quelques battements de tambours suffisaient avant que leurs corps surgissent à l’assaut du boulevard d’Ypres. Ils dansaient tenant leurs carcabasses dans leurs

deux mains. Celles-ci fonctionnaient à plein régime - ils

étaient en train d’ écraser un essaim de djins autour d'eux.

C'était très très très impressionnant. Ce n'était  certainement pas pour faire leur malin, surtout quand le Malem faisait tournoyer son tambour autour de lui-même. Ils étaient en train d’assainir le quartier qui était depuis cet été, sujet à de grosses tensions. Leur cortège était suivi par de nombreuses « marocxelloises » en djélaba et qui filmaient la scène. Après avoir parcouru le boulevard d’Ypres, les Gnawa se sont installés sous le haut-vent du Centre de beauté culturelle, à l’abri du soleil. Un public s’est formé autour

d’eux et le malem Rida poursuivait par un tour de chant avec

son gembri. Matthieu Ha échangeait alors sa casquette de garde

champêtre pour enfiler son chapeau rouge créé par LADOUDOUN :

le fameux « CIL CHARMANT ». Il sortait enfin de la terrasse

intérieure - l’étendard de la survie ou le drapeau d’or, sur

la terrasse extérieure, au milieu de la transe et chants de

guérison des Gnawa. Nyati Mayi rejoignait à son tour la piste

pour donner son corps à une danse transe et endiablée avec le

torse et les pieds nus. Ce jour était un tableau d’une grande

réussite. Le boulevard d’Ypres tout entier venait de vivre les

enchantements des beautés culturelles de la soixante neuvième

des MILLE ET UNE TERRASSE.

Photographies de Cayo Scheyven





















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