UN PEU de souvenirs de la quatre-vingtième des MILLE et UNE TERRASSE avec la chanteuse portugaise RITA BRAGA. Matthieu Ha vient de terminer la première soupe de l’année dans la cuisine de la buvette sportive. Il a coutume de lui attribuer un nom et selon la constitution de celle-ci. La soupe de ce soir s’appelle « la soupe de Guillaume », en raison de sa couleur orange, elle fait référence au roi Guillaume Ier d’Orange Nassau. C’est une soupe au potiron très savoureuse, présentée avec un œuf dur et un petit bosquet de coriandre, sur lequelle sont versées quelques gouttes de citron. La soupe est servie sur une table dans le centre de beauté culturelle, à une quarantaine de mètre d’une façade hollandaise, au bout du boulevard d’Ypres et au début de la rue Marguerite Duras. « mmmm !That ‘s délicious ! » S’exclame Rita. Elle vient d’avaler une première cuillérée après être revenue de ses essais sons, en compagnie de Cayo dans la terrasse sous-terraine. Pendant ce temps Ignacio Galilea poursuit l’expansion de ses frontières touristiques. Il inscrit sur le sol de la terrasse intérieure à l’aide d’une craie : « THIS IS MY LAND ». La phrase est encadrée à l’intersection de quatre flèches cardinales. L’une indique le Nord. La seconde, le Sud. La troisième, l’Ouest. La dernière, l’Est. Des visiteurs contournent l’écrit pour ensuite descendre et rejoindre l’auditorium HD dans la terrasse sous-terraine. Rita est déjà sur scène. Après une brève présentation, la lumière jaune du pétale UN PEU s’éteint. La musicienne commence par trois chansons, jouées au synthétiseur. L’appareil électronique reproduit un son d’harmonium. L’éclairage bleu du concert apporte une atmosphère mystérieuse au récital. Il y a une dimension « FREEK » difficile à contenir. L’artiste a un timbre vocal d’un autre temps, celui du début du vingtième siècle. Sa voix est celle des chanteuses de cabarets en noir et blanc, des années folles. Mais très vite l’interprète change de registre, au fur et à mesure de son tour de chant. Rita Braga révèle petit à petit une polyglotte multi-instrumentiste. Elle quitte son clavier pour une petite mandoline et passe de l’anglais au français, du français au japonais, du japonais au grec, du grec au portugais, du portugais à l’allemand, de l’allemand à l’indien. A-t-elle sept langues dans sa bouche ? Ou bien, y-a-t-il- eu ce soir-là, sept têtes sur ses épaules ? De la même manière, a-t-elle été UN PEU Vishnu pendant le dernier morceau de son concert ? Quand la résonnance de son sourire vocalisait dans le langage Hindie, un air bollywoodien, le public se souvient du visage bleu divin de la jeune femme et au moment où celle-ci venait de terminer la soupe magique - la soupe orange de Guillaume. Plus tard, vers la fin de la soirée, après le rituel de la danse du drapeau d’or, Matthieu Ha monte sur un cheval-léopard-humain. Un service rendu par le héros de la série télévisée AMARTE : Ivan Noria. L’alter-ego d’Ignacio Galilea revient et repousse encore plus loin son tourisme frontalier – quand l’Art excelle l’étrange et le dépaysement d’une mythologie surréaliste, et à la dernière heure de la quatre-vingtième des Mille et UNE TERRASSE.
Photographies de Cayo Scheyven
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