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Mille et Une Terrasse N° 261 Mes Lèvres at Huis van Alijn, Ghent with Alice George Perez & Nicolas Rombouts

Updated: Oct 5

Un peu de souvenirs flamands lors du concert de Mes Lèvres et d’Alice George Perez au Huis van Alijn – lors de la deux cent soixante et unième des Mille et Une Terrasse.

Trois semaines avant leur grand départ pour leur tournée en Asie, Cayo et Matthieu Ha montaient à bord de la petite voiture rouge de leur mère défunte, en partance pour Gand. Le Japonais d’Osaka – Degurutieni (Terrasse n°250) – de retour de sa tournée de quatre mois à travers l’Europe, avait pris part à ce voyage, désireux d’assister à leur concert. Nos trois amis traversaient la ville, longeaient les ruelles du quartier historique où émergeaient les clochers des églises, du beffroi et de sa somptueuse cathédrale gothique – la cathédrale Saint-Bavon. Au confluent de la Lys et de l’Escaut, bordés de somptueux bâtiments à pignons à gradins, Gand était cette cité au charme unique. Enfin, Cayo garait sa voiture aux alentours du lieu de leur concert : le Huis van Alijn (Terrasse n°176), ou musée de la vie populaire. Pour la seconde fois, nos amis entraient dans le patio, encerclé par les 18 maisons à pignons à gradins et toujours dominées par la grande chapelle gothique. Mes Lèvres empruntaient de vieux escaliers pour se rendre dans la salle de concert située sous une des toitures du musée. L’espace avait la forme d’un trapèze rythmé par les anciennes charpentes. Dans le mur axial de la petite salle était incrusté un petit théâtre de marionnettes en surplomb, au-dessus d’un piano droit, et offrait une petite ouverture illuminée d’un mètre sur deux. Cayo installait un tout nouvel appareillage pour équiper les effets nécessaires à ses sabots, sa voix et sa guitare. Elle comptait utiliser cet équipement de façon à gagner un temps précieux lors des essais son, notamment au moment de leur prochaine tournée en Chine. Matthieu Ha était venu sans son accordéon ni son synthétiseur, car il comptait jouer le répertoire avec le piano droit. De manière à laisser suffisamment de place pour la contrebasse de Nicolas Rombouts (Terrasse n°224), nouveau partenaire de jeu d’Alice George Perez, Mes Lèvres décidaient de laisser le piano à sa place, mettant le pianiste en vis-à-vis avec une marionnette. Ce petit personnage articulé par des fils représentait un personnage de la commedia dell’arte. Il se tenait debout au milieu d’un décor qui s’apparentait à un parc. La marionnette souhaitait la bienvenue aux deux musiciens. Matthieu Ha plaçait le petit maneki-neko (petit chat qui salue – Terrasse n°248) pour lui tenir compagnie.

Une fois les préparatifs terminés, Kurt Lootens, l’organisateur des programmations musicales, emmenait tous les musiciens dans une pizzeria voisine. Le concert était prévu à 20h30 et Kurt Lootens était traversé par un doute : y aurait-il du public pour cette soirée d’ouverture de saison ? Le temps était maussade et froid. Il faisait part de son questionnement à Matthieu Ha, lequel restait confiant malgré les quelques personnes arrivées. Mes Lèvres attendaient quelques amis qui comptaient assister au concert et n’avaient pas encore franchi la cour du cloître de l’ancien hôtel-Dieu. Finalement, à 20h36, les spectateurs arrivaient un peu des quatre coins de la ville.

La soirée commençait par le concert d’Alice George Perez. C’était la première fois qu’elle jouait tout un concert en compagnie de Nicolas Rombouts. Le contrebassiste était appliqué et faisait évoluer sa contrebasse par l’emploi de ses pédales d’effet, apportant une profondeur très mesurée à chacune des chansons d’Alice. La chanteuse faisait ensuite un hommage émouvant à Matt Watts sans qui cette soirée n’aurait été possible. À ce moment, Cayo pleurait le chanteur défunt. Matthieu Ha était traversé par une nausée étrange. Le sol se dérobait sous ses pieds et il rencontrait des difficultés à respirer. Comme si le Bruxellois venait d’ingurgiter un psychotrope très puissant, l’exposant à des spasmes inattendus. Aurait-il été possible que le fantôme de Matt Watts (Terrasse n°223) fût dans le musée ? À la recherche de son troisième souffle, Matthieu Ha finissait par quitter la salle pour enfiler sa tenue de concert dans une des pièces voisines. Durant ce temps d’isolement, il ne parvenait toujours pas à calmer l’étrange sensation dans son ventre. Cayo essayait de le soulager sans trop y parvenir. La pièce dans laquelle Mes Lèvres se trouvaient abritait une exposition de taxidermie : un grand boa, quelques oiseaux et un petit veau siamois. Cayo réalisait un selfie en compagnie de son acolyte parmi ces bêtes sauvages empaillées. Ce dernier décidait ensuite de rejoindre la salle de concert durant l’entracte. Puis, au moment de s’asseoir devant le piano, tout se dissipait, le musicien retrouvait enfin le calme de son souffle. La marionnette était toujours là et le maneki-neko lui faisait signe de la main. Caché derrière le petit théâtre de marionnettes, il y avait un petit drapeau gantois en papier – représentant un lion blanc sur fond noir. Rien à voir avec le lion des Flandres françaises (noir sur fond jaune).

Puis le public revenait s’asseoir. Cayo, dans une robe noire, faisait les présentations tandis que son acolyte – en veste blanche, bermuda et chemise noire, bas blancs et le cil charmant posé sur sa tête – restait immobile, le dos tourné vers le petit théâtre de marionnettes. Qu’il fût en train de jouer au piano ou en train de s’adresser au public, le pianiste-chanteur resta tout le long de la performance le dos tourné au public, ne montrant à aucun moment son visage. Il jouait obstinément en direction de la marionnette et du petit chat qui salue. Cette disposition scénique n’enlevait rien à la magie du concert. Bien au contraire. Mes Lèvres étaient intensément inspirés. La guitare de la Duchesse était ardente, le piano de Matthieu Ha totalement habité et leur chant expressivement éloquent.

Le concert terminé, triomphalement, Mes Lèvres étaient applaudis. Cet instant d’ovation donnait alors l’occasion à Matthieu Ha de se tourner pour la première fois vers l’assistance et d’exécuter son salut en compagnie de sa partenaire avant que ne s’éteignent les feux de la rampe de la deux cent soixante et unième des Mille et Une Terrasse.

 

Photographies élégantes de Cayo van Breugel 

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